Après les films Mr. Foster – portant sur l'architecte éponyme –, Esquisses sur Frank Gehry, ou encore Rem, abordant le travail du Hollandais Rem Koolhas, Bjarke Ingels, alias BIG, sort son biopic : BIG TIME. Une œuvre qui, même si elle invoque le génie du jeune créateur danois, peine à trouver sa place, entre le documentaire et le film de série Z romantique.


BIG TIME
commence dans un taxi new-yorkais menant l'architecte vers une interview avec le fameux Jimmy Fallon, star des talk-shows américains. Impressionné, le spectateur se retrouve avec Bjarke sur le plateau télé, mais hésite : entre l'intervieweur et l'interviewé, qui est donc la véritable star ? Le décor du film est ainsi planté. Nous ne sommes pas ici dans un documentaire concluant des milliers d'heures de rushs du réalisateur danois Kaspar Astrup Schröder, qui a suivi le jeune prodige de 42 ans durant pas moins 7 années, mais bien dans une œuvre située entre autobiographie à l'eau de rose et ode au starchitecte.

Le professionnel aguerri regrette alors de ne pas en savoir plus sur les incroyables projets réalisés par Bjarke aux quatre coins du monde, présentés par des vues à vol d'oiseau et des croquis qui expliquent avec simplicité des oeuvres aussi pertinentes que culotées. Armé d'une feuille de papier et d'un énorme marqueur noir le créateur nous fait découvrir le fameux 8-tallet, ensemble d'habitations pyramidal en forme de 8 réalisé en 2010 à Copenhague ; le musée maritime du Danemark d'Helsingør ; le VIA 57, un immeuble de logements new-yorkais, inspiré de Central Parc et des gratte-ciel ; la future centrale de traitement des déchets de la capitale danoise dont le créateur a transformé le toit en piste de ski, etc.

Ces courtes présentations qui, par leur efficacité, n'ont rien à envier à celles des réalisateurs Stan Neumann et Richard Copans, s'en trouvent entrecoupées de (longues) scènes à la sauce pathos – notamment dans lesquelles Bjarke passe des tests médicaux et parle de ses angoisses de mort –, et de séquences à l'eau de rose où il embrasse sa Dulcinée. En effet, après une heure de film et un suspense insoutenable, nous voilà rassurés – attention spoiler –, Bjarke a fini par trouver l'amour !


Au milieu de péripéties dont on interroge ainsi la pertinence, – car Bjarke c'est ici un peu Martine : Bjarke plie ses caleçons, Bjarke déambule en vélo à New-York, Bjarke demande de l'aide à son concierge pour réaliser son nœud papillon, Bjarke téléphone, Bjarke passe un scanner (puis un autre), etc. –, se glissent des séquences toutes aussi savoureuses qu'exclusives. On apprend par exemple la genèse de BIG qui, jeune et fort fainéant à l'école, voulait être dessinateur de BD. C'est finalement son père qui l'inscrit à l'école d'architecture, presque à son issu, en lui faisant signer les documents d'inscription « un jour où il était de bonne composition », comme le livre sa maman, pas peu fière de son Bjarke.

Finalement, à l'issu du visionnage de BIG TIME, on en retient un sentiment de frustration, peut-être d'en avoir trop vu sur l'homme (ou pas suffisamment en profondeur) et pas assez sur un architecte de talent qui compte aujourd'hui plus de 450 collaborateurs dans le monde entier. En filigrane se pose ici la question du sens même d'une telle entreprise autobiographique, à tendance hagiographique : les biopics ne devraient-ils pas finalement être une conclusion de vie plutôt qu'une œuvre cathartique d'un architecte qui a peur de mourir en pleine heure de gloire ?

BIG TIME, Kaspar Astrup Schröder, Danemark, 2017, 93 minutes

Photographies : DR

Pour en savoir plus, visitez le site de BIG



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